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    Les faits remontent à février, mais il m'aura fallu beaucoup de temps pour digérer l'affaire.

    Lors d'une demi-journée de solidarité (c'est ainsi que nous conservons le lundi de Pentecôte férié : deux demi-journées de solidarité où nous travaillons à l'élaboration de projets pédagogiques, menons des réflexions sur certains dysfonctionnements pour tenter de les résoudre, etc), la cheffe a convoqué deux personnes pour nous présenter les ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire), un dispositif de scolarisation pour des enfants présentant des troubles des fonctions cognitives ou mentales, des troubles envahissants du développement, des troubles de la fonction auditive, des troubles de la fonction visuelle ou des troubles multiples associés, qui découle directement de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

    Le dispositif en détail

    - TFC : troubles des fonctions cognitives ou mentales (dont les troubles spécifiques du langage écrit et de la parole) ;
    - TED : troubles envahissants du développement (dont l'autisme) ;
    - TFM : troubles des fonctions motrices (dont les troubles dyspraxiques) ;
    - TFA : troubles de la fonction auditive ;
    - TFV : troubles de la fonction visuelle ;
    - TMA : troubles multiples associés (pluri-handicap ou maladie invalidante).

    - 10 à 12 élèves suivis par un enseignant référent spécialisé, qui détermine le PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) de chaque élève et son emploi du temps (cours auxquel il juge que l'enfant peut assister) et effectue le suivi de chacun en répondant à leurs besoins spécifiques ne relevant pas des compétences des professeurs.

    - les enseignants (a priori sur la base du volontariat) reçoivent un seul élève ulis dans leur classe - je ne vois pas comment on pourrait faire davantage de toute façon, les effectifs étant évalués à 28/29 l'an prochain.

    - une salle dédiée pour le group ulis et leur enseignant référent, avec casiers, matériel informatique (plusieurs postes individuels), bibliothèque, matériel pédagogique spécifique ...

    - concertations régulières entre tous les intervenants.

    Dans son discours introductif, la cheffe nous explique sa démarche "dans l'hypothèse d'une implantation dans notre collège à la rentrée 2013", en insistant bien sur le mot "hypothèse".
    À la fin de la présentation, elle nous annonce que cette implantation doit être votée au Conseil d'Administration 3 semaines plus tard.

    Notre collège

    - capacité d'accueil pour 600 élèves : nos effectifs sont montés jusqu'à près de 900, nécessitant pas moins de 6 pré-fabriqués dans la cour. Cette année, nous avons 800 inscrits et toujours des soucis de manque d'espace (des profs de science font parfois cours dans des salles de langues, certains profs n'ont pas de salle dédiée - il m'est arrivé, en 2003 ou 2004, d'errer entre 4 salles différentes avec un petit chariot, et l'an dernier, j'enseignais en alternance dans une salle de maths et une salle d'histoire-géo, cette année, après un mois passé dans une ancienne permanence qui donne sur la cour, j'ai bataillé ferme pour avoir MA salle avec tableau interactif).

    => après 10 ans de réclamations, nous avons enfin obtenu la construction d'un autre collège à 10 km, qui va drainer une partie de nos effectifs ainsi que des élèves de 2 autres établissements proches ; celui-ci ouvrira en septembre 2014.

    => de fait, ce nouveau collège va également modifier nos équipes pédagogiques, chaque collège concerné va se retrouver avec des profs "en trop" qui vont bénéficier d'une mesure dite "de carte scolaire" pour être ré-affectés dans le nouveau collège ou au plus près du poste perdu.

    - matériel informatique insuffisant : les salles de techno ont chacune une quinzaine de postes mais sont quasiment toujours occupées pour cette discipline. LA salle info du collège dispose de 16 postes individuels, et c'est la bataille pour réserver.

    - les récentes réformes font que, progressivement, disparaissent, sont modifiés ou déplacés, des dispositifs précieux comme la 4ème alternance, la 3è DMF (découverte des métiers et des formations), la 3è DP6 (découverte professionnelle 6 heures hebdomadaires)*, ces classes visant des élèves scolairement fragiles, en retard, à effectifs réduits, offrant une alternance entre enseignement général adapté et stages réguliers en entreprise, et ouvrant cependant à une orientation très large ensuite (du redoublement en classe générale à la préparation de bacs pro en passant par le CAP (Certificat d'Aptitude Professionnelle).
    À la rentrée 2013, plus rien de tel!
    Tous les élèves concernés, en plus de ceux qui n'auraient pu être pris (bon profil mais manque de motivation et/ou problèmes de comportement répétés), vont être "ré-injectés" dans les classes générales en septembre et nous préparons actuellement, à l'arrache ai-je envie de dire, un dispositif (encore!!) d'aide et d'accompagnement qui implique forcément des heures supplémentaires dans l'emploi du temps de ces enfants.

    Nous considérons donc que la rentrée 2013 va être difficile et que l'accueil d'une ULIS dans ces conditions ne sera pas correctement mené.

    "Pourquoi, tout à coup, ce projet? Pourquoi 2013?", demandons-nous.

    "Pourquoi pas?", nous rétorque la cheffe, enchaînant avec un vibrant : "Des familles attendent, depuis longtemps."

    À l'issue de cette réunion, nous sommes décontenancés et amers. Les manières de faire de la cheffe nous déçoivent, elle a ce projet en tête depuis des mois (nous l'apprendrons plus tard), et ne nous donne comme seul argument que la culpabilisation.

    Ma propre réaction est particulièrement violente. Outre ma colère envers les agissements de Madame (la suite ne me fera pas décolérer), je réalise que je-ne-veux-pas-prendre-un-élève-ULIS-en-classe! Moi, dont la sœur chérie est autiste! Moi, dont les parents ont bataillé pour tenter une scolarisation d'Alexandra (années 80)!
    Ce soir-là, j'ai l'impression de trahir ma famille, sans comprendre mon ressenti, où se mêlent ma propre histoire, l'effarement devant les incohérences du projet pour 2013 (en 2014, les équipes seront stabilisées, les uns ici, les autres dans le nouveau collège ; le dispositif d'aide aux élèves en difficulté aura vécu un an), le dégoût pour le carriérisme et les méthodes hypocrites de ma supérieure.

    Aujourd'hui, je suis en mesure de dire que c'est ainsi : dans les familles où un enfant est handicapé, la fratrie aura des réactions différentes, certains choisiront une voie professionnelle les amenant à travailler avec des handicapés, d'autres trouveront un métier très éloigné.

    J'adore ma sœur, et ... elle me suffit. :)

    Pour cela, je suis désormais en paix avec moi-même.

     

    Pour le reste?

    - 10 jours plus tard, les représentants du personnel rapportent à la cheffe nos griefs et nos questions, formalisés lors d'une réunion syndicale. Elle nous garantit que l'implication se fera sur la base du volontariat (sauf que, hic, hic, les textes ne disent jamais "les enseignants volontaires" - comme c'est parfois le cas pour d'autres dispositifs, mais "les enseignants accueillant les élèves ULIS"), admet que les gratifications salariales (notamment pour les réunions de concertation) sont très faibles.

    - Le projet est voté au Conseil d'Administration, les parents d'élèves n'ayant pas osé s'opposer à une loi et un projet effectivement humanistes. Les seuls à voter "non" sont les profs, qui envoient une motion au rectorat. On passe certainement pour des sales cons de profs qui veulent rien foutre, alors qu'on demande simplement un délai d'un an pour faire ça BIEN (beaucoup sont d'ailleurs disposés à se porter volontaires, certains sont même curieux et désireux de vivre cet enrichissement pédagogique ... mais en 2014).

    - Peu après, nous découvrons que le poste d'enseignant spécialisé est publié! Ce qui signifie que la cheffe a demandé sa création il y a des mois! Celle-ci ose nous affimer qu'elle ne savait pas, que ce n'est pas elle ...

    - Le 17 juin, nous sommes tous en formation toute la journée pour l'accueil en 2013 ... Ce sera peut-être l'occasion d'un autre billet.

     

    Je conclue en disant que je n'ai pas pu écrire tout ce que j'aurais envie de vous dire, pour ne pas rendre ce billet trop indigeste, mais vos commentaires, vos questions seront pour moi l'occasion  de développer certains points, d'expliquer mieux des trucs.

     

    * Les appellations changent régulièrement, suivant les modifications apportées par tel ou tel ministre, indigeste mille-feuilles - il se peut donc tout à fait que je n'utilise pas le bon terme, tant je suis perdue ou distraite.

     

     

     

    25 mai 2013 | Quitter l'enseignement ? | Commenter


    14 commentaires
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    Bad karma pour moi jeudi 23 mai.

    Ou juste retour des choses?

     

    Ça commence par un "conseil pédagogique" au collège, où l'équipe d'anglais se réunit en présence du chef d'établissement et de l'adjoint, pour faire un bilan des actions et projets entrepris dans l'année, ébaucher les perspectives de l'année à venir, faire connaître nos besoins matériels, et communiquer les vœux de répartition des classes entre collègues.

    Je ne détaillerai pas l'épisode, qui se résumera donc à une attaque personnelle de la part de la cheffe, à mon encontre, en pleine réunion, qui m'a amenée à solliciter une entrevue en privé 2 heures plus tard dont je suis ressortie avec un sentiment plutôt inédit d'auto-satisfaction.

    Vous ne le savez pas, alors je vais vous le révéler : j'ai un respect profond pour la hiérarchie qui frise l'imbécilité gamine et me paralyse souvent quand je ne suis pas d'accord, et il m'est difficile de dire ce que je pense vraiment de manière posée, mais affirmée et convaincue, sans tachycardie, tortillements sur la chaise et sourires diplomatiques crispés, OU agressivité mal contenue. Ce jeudi, je suis ressortie de cet entretien agitée, fébrile certes, mais heu-reu-se d'avoir énoncé mon sentiment ainsi : posée, ferme, courtoise, convaincue.

     

    Je ne sais : étais-je euphorique d'être parvenue à dire mon ressenti sans agressivité, sans rancœur, avec MA justesse? Encore un peu secouée de m'être ainsi attrapée avec un supérieur?

     

    Toujours est-il que, dans le quart d'heure suivant, j'encaissai 4 PV en moins de 2 minutes.

    Quand j'ai vu les gendarmes me faire coucou héler, j'ai su que j'étais cuite :

    - je sais depuis plus d'un an que ma carte grise n'est pas à jour (changement d'adresse) mais je traîne des pieds car cela m'obligerait à passer à la nouvelle immatriculation, que je déteste, pour des raisons (bêtement?) romantiques : j'aime mon 555 AAA 00!

    - je sais depuis 3 mois que mon contrôle technique est ... comment dire ... "hors sujet"

    - je sais que je viens de griller un stop

    Mais je ne sais pas que je n'ai pas mon permis avec moi.

     

    Là, je me suis montrée très courtoise également, et parfaitement gracieuse, un sourire idiot collé aux lèvres tandis que je me traitais de tous les noms en suffixe -asse in petto.

     

    Alors, c'est quoi le karma?!

    Parce que je ne prends presque jamais cette route!

    Ben pourquoi tu l'as prise?

    Passque la veille, j'ai fait mes courses au biocoop et arrivée à la caisse ... je n'avais aucun moyen de paiement sur moi, donc j'avais une dette à régler en un lieu qui n'est pas sur ma route....

     

    Ah ben ... a y'est ... j'ai trouvé c'est quoi le karma ...

    (mots-clés : bordélisme / distraction  / procrastination)

     

     

    25 mai 2013 | Gaffes, bévues... | Commenter (15)


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